Nous avons rencontré ce soir l’équipe du centre d’accueil des jeunes géré par l’association des CEMEA Mezzogiorno. Ce centre, situé à Rome non loin du siège de l’association, occupe le troisième étage d’un établissement scolaire équivalent au collège français. Il accueille des jeunes adolescents le soir après la classe, pour des activités périscolaires, des cours de langue (apprentissage de l’italien) pour des jeunes issus de l’immigration, pour permettre également aux jeunes de proposer et de vivre des projets. Plus de quarante jeunes fréquentent librement ce centre chaque jour. Situé dans un quartier populaire de Rome, ce centre est remarquable :

  • Car il est encadré par une équipe pluri-professionnelle associant un psychologue, une assistante sociale, des éducatrices, des volontaires (bénévoles). Cette complémentarité de compétences et d’approches de professionnel.le.s mobilisés sur un projet commun est l’un des atouts de cette initiative vieille de près de 15 ans. Cette équipe fonctionne également avec une supervision afin de prendre le recul nécessaire sur ses propres façons de faire.
  • Car le projet pédagogique repose sur des fondamentaux de l’éducation nouvelle : un cadre posé, aux règles peu nombreuses, claires, qui nomment le « non négociable » (respect de chacun.e, …) permettant ainsi un fonctionnement qui donne la parole et une part du pouvoir aux jeunes. Des réunions collectives mensuelles soutiennent ce fonctionnement. De plus les pratiques pédagogiques mobilisées dans les cours de langue ou le soutien scolaire reposent sur des approches ludiques, une pédagogie de la réussite qui considère les essais, le tâtonnement  comme des éléments positifs d’une démarche de construction des savoirs, de la personne.
  • Car il est agi dans un environnement qui a besoin de cet espace. Les jeunes en ont besoin, les familles en ont besoin. Seuls les enseignants du « collège » semblent « ne pas en avoir besoin »…. Quand 4 d’entre eux seulement s’intéressent et soutiennent cet espace sur un établissement de plus de 360 jeunes et donc de près de 50 enseignants…
  • Car il est une partie agie du projet des CEMEA Mezzogiorno à l’image d’autres espaces que nous avons également visités (Ludothèque par exemple).

Remarquable donc, mais fragile. Financé par la municipalité, porté par les CEMEA sur un principe de réponse à un appel d’offre, tout cela est fragile ! Le climat politique italien actuel fait débat, fait fracture au sein de la société civile. Dans ce contexte, malgré les évaluations régulières et « l’ancienneté du projet », rien n’est acquis durablement. Nous retrouvons là des faiblesses et des fragilités connues en France. Mais nous retrouvons aussi la force d’un projet qui fait la preuve par les actes, du bien fondé de nos approches pédagogiques, de la pertinence de nos convictions en matière de complémentarité des temps et des espaces, de l’intérêt de mobiliser des acteurs.trices aux professionnalités diverses. Mais nous sommes en Italie …..

Jean-Luc CAZAILLON