La migration, je trouve que c’est une situation jusqu’ici vécue comme une mobilité dans les archipels des Comores. Elle se vivait géographiquement, économiquement, et familialement…etc.

Ces situations amenaient la population de l’archipel à faire des vas et vients au sein du territoire (l’archipel) et vers l’ailleurs aussi (en fonction des moyens financiers). Toutefois, les personnes venant d’un autre territoire de l’archipel et de l’extérieur s’appellent « m’guéni ». Aujourd’hui, elle est perçue à un double niveau, puisqu’un clivage est venu accompagné par et avec l’institution occidentale. Un premier niveau du « m’guéni » est celui qu’on accueille ou invite. Le second est celui qui s’invite ou vient de lui-même.

Le regard amené par l’institution occidentale avec sa bureaucratie, décide de celui qui est le bienvenu ou pas. Les critères d’acceptation et d’accueil sont fixés par l’administration et ne se basent que sur des documents et formalités administratives. Ceci a créé de la distance entre les hommes et les femmes.

Face au manque de confiance envers l’administration qu’on observe chez nous et un peu partout ailleurs dans le monde, la distance créée, jusqu’ici occupée par la bureaucratie, créer un vide.

Ce vide pousse les hommes et les femmes à se craindre entre eux par manque de connexion. Et donc, celui qui n’est pas « moi », je le verrai comme quelque chose d’étrange. Donc un regard négatif, qui est à l’ère de la technologie très soutenu par les médias.

Tadjidine ANLI, Ceméa Mayotte