Ma perception

9 AOUT 1976

« Je suis arrivée sur le territoire de la Polynésie Française il y a presque 43 ans … Je découvre …

Dans cet espace ilien traversé par de nombreux navigateurs, le pays s’est construit par ces vagues de population arrivées par la mer qui se sont installées sur ces terres pacifiques.

Suis-je une migrante moi aussi ?

Même si c’est un territoire français, où on peut communiquer en français, si l’on veut s’intéresser aux pays, aux personnes mêmes, on doit entreprendre une démarche personnelle d’intégration.

Terre d’accueil par tradition, la Polynésie généreuse soit t’accueillir à bras ouverts … encore faut-il rester humble, à l’écoute et avoir la volonté de s’intégrer…

Cette attitude doit constituer le minimum ; emprunter le chemin coutumier demande des efforts et de la compréhension, de l’ouverture à la différence, une reconnaissance d’un environnement inconnu…

J’ai fait mon cheminement, j’ai été acceptée et intégrée. Je me sens être moi-même, plus d’ici que d’ailleurs…

MARS 2019

La société évolue ; pas toujours dans le bon sens !

D’une société solidaire et traditionnelle nous sommes passés à une société de consommation où l’argent est devenu l’une des valeurs …

J’ai construit ma vie sur cette terre d’accueil avec simplicité et bonheur. Mon engagement aux Ceméa date de la même époque ; deux grandes passions : un pays, une famille.

Nos principes sont en harmonie avec l’état d’esprit du polynésien, un attachement fort à la notion de respect, une attention permanente portée à l’autre, une joie de vivre et de partager !

Le contexte des années 1980 était certes plus favorable : des moyens donnés au pays par l’Etat, des gens souriants, détendus, une jeunesse sans trop de problème à cette époque

Petit à petit, sans vraiment en prendre conscience, les choses ont changé. Dans un contexte plus difficile socialement et économiquement, les problèmes liés à la société de consommation sont apparus : chômage, misère morale et affective, démission parentale, famille à la dérive, délinquance juvénile…

Les rapports entre les gens sont parfois tendus, attisés par des discours politiques à visée discriminatoire…

Le rapport numérique des composantes ethniques peut peser d’un côté ou de l’autre selon le climat ambiant.

La colonisation perdure mais d’une façon plus subtile, plus sournoise, distillée discrètement ; elle se fait oppression !  Mal perçue, mal vécue, les publics plus fragiles, vulnérables et en mal être en souffrent…

Alors se construit la frustration qui laisse place à l’agressivité et à la violence.

Nos « migrants » sont très souvent ceux qui ont quitté la Métropole pour vivre un ailleurs, mais qui ne font pas toujours le pas nécessaire vers le polynésien…

Mais un bon nombre aussi, comme moi d’ailleurs, vont trouver bonheur dans ce paradis où les relations sont faciles et authentiques si l’on s’en donne la peine !

Tout dépend donc de la façon dont nous allons nous comporter dans le respect de la différence, dans la connaissance et reconnaissance de l’autre… Alors sans aucun doute en Polynésie, vous trouverez votre place si vous le méritez… »

Mylène TIRAO , le 15 mars 2019