Dans chacune de nos rencontres, nous avons abordé des questionnements à la fois politiques et pédagogiques. Si les références éducatives, les choix des méthodes de travail ont été au cœur d’un grand nombre de nos questionnements (la ludothèque, le centre de jeunesse, l’association Ke’llam, l’association de théâtre, …) nous avons également régulièrement interrogé la dimension politique de l’action. Si ce fut particulièrement le cas lors de la rencontre avec le CIR comme avec l’Ecole des Migrants, nous avons également abordé cette dimension avec les Cemea Mezzogiorno, avec les équipes d’alphabétisation près de la gare Termini, avec les acteurs agissant sur le champ de l’éducation non formelle. Les convergences sont nombreuses entre ces différents acteurs quand il s’agit de porter un regard, une analyse, sur la politique actuelle du gouvernement italien. Parler de migration, d’éducation, de soutien aux associations, parler tout simplement d’accueil et d’ouverture à l’Autre, parler d’interculturalité, …. Tous ces sujets conduisent à une sévère critique de la politique actuelle, à des interrogations profondes sur l’évolution de la société italienne. Plus globalement, les inquiétudes sont aussi européennes …
Au fil des rendez-vous et des échanges, nous sommes quelques un.e.s à partager un sentiment bizarre, en tout cas, bizarre pour les responsables associatifs français que nous sommes. Le sentiment d’une grande convergence d’analyses politiques mais d’une lutte morcelée, isolée, chacun agissant de son côté. Quand nous (les CEMEA et leurs responsables nationaux comme régionaux) sommes en France investis, mobilisés, acteurs et parfois porteurs de collectifs associatifs convaincus que le poids politique est plus grand quand on est plus nombreux, quand nous cherchons régulièrement à « faire alliance » pour être mieux entendus, ce sentiment d’acteurs très engagés sur le terrain de l’action directe mais semble-t-il peu mobilisés sur l’action politique est surprenante.
Il faut assurément relativiser ce propos, le nuancer suivant les organisations rencontrées (l’action du CIR par exemple est très politique !) mais quand même …. Pas de CAPE, pas de CRAJEP, pas de Mouvement Associatif, pas de JPA, pas de Solidarité Laïque, ….. .
Organiser la lutte politique pour faire progresser les valeurs, les références communes, les principes d’action, tout cela suppose d’organiser le « commun », ce qui fait « collectif ». En tout cas, c’est comme ça en France que l’on a construit les systèmes de résistances, de propositions émancipatrices. C’est la tendance Zourit (la pieuvre, en langue créole) misant sur la force des réseaux et collectifs organisés.
Alors l’Italie serait-elle sur la tendance colibri ? Chacun apportant sa goutte d’eau au combat misant ainsi sur l’effet démultiplicateur de milliers d’actions locales ?
Pas certain d’ailleurs que les choses s’opposent ! Cela mériterait que l’on s’y attarde un peu !
Jean-Luc CAZAILLON
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