Après un temps de rencontre à l’université, pour découvrir la formation des éducateurs qui interviennent dans le champ de la petite enfance, nous retrouvons Laura, militante des Ceméa de Toscane. C’est amusant de se dire que c’est elle qui nous a accueilli.e.s le 1er jour et que c’est elle qui conclue presque notre séjour à Florence!

Sa proposition du jour, nous faire découvrir la Florence moins touristique, moins “tape à l’œil”, peut-être plus authentique. Aucune prétention, ni envie de son côté de se transformer en guide touristique ! Juste l’envie de nous faire connaître sa ville : celle des petites rue étroites, celle où, au détour d’une rue nous découvrons la “fausse maison de Dante”, celle où il n’y a pas les grands magasins de luxe que nous pouvons retrouver dans toutes les villes du monde. En fait, elle souhaite nous faire découvrir vraiment Florence, par petites touches, par petites anecdotes, grâce à quelques éléments historiques peu connus, ou peu nommés. Elle nous parle par exemple de cet olivier planté, dans la rue derrière la célèbre galerie des offices, en hommage aux victimes d’un terrible attentat commis par la Mafia, en représailles d’un procès géant qui a condamné de nombreux mafiosos, placés encore aujourd’hui à l’isolement. Un attentat, pour viser un bien culturel propriété de l’État, qui fera des morts, dont une famille.

Elle nous parle aussi des Nazis, qui pendant la guerre, poussés vers le Nord par les alliés et les partisans, auront la volonté de détruire les quartiers historiques de chaque côté de l’Arno, mais en voulant conserver intact le Ponté Vecchio, qu’ils trouvaient beau. Le pont n’est pas détruit, mais reste seul isolé et rendant en principe impossible le passage d’une rive à l’autre… Mais ils oublieront qu’au dessus du pont, il y a le corridor Vazari, construit en 1565, pour permettre au grand duc de se rendre du Palazzo Vecchio au Palais Pitti, sans se mélanger au peuple ! Ce passage couvert, oublié par les Nazis, permettra aux partisans de communiquer discrètement d’une rive à l’autre, sans être vus ! Ironie de l’histoire, ce corridor construit pour éviter le peuple, permet 400 ans plus tard, au peuple de se retrouver !

Autant de petites découvertes, de petites places, de petites rues que nous parcourrons, grâce à la proposition de Laura. Par petits groupes, ou en binômes, qui se font et se défont, nous papotons, reparlons de nos visites, de l’intérêt de ce voyage d’étude, des suites possibles à donner… tout simplement, sans prétention, mais avec beaucoup de plaisir.

La visite se termine, déjà, et nous offrons à Laura une boite de caramels au beurre salé, souvenir de Bretagne. Sur le couvercle, des sardines… Heureux hasard ou volonté de soutenir le mouvement populaire qui s’organise depuis quelques mois en Italie, pour manifester et signifier le rejet de l’extrême droite en Italie. Durant toute cette semaine, lors de nos échanges, de nos rencontres, cette question de la résistance populaire à la “bête immonde” qui réapparaît ici et là en Europe, a traversé nos réflexions. L’éducation comme rempart à la montée des extrémismes de tous ordres et à la volonté néolibérale d’annihiler, toutes initiatives d’émancipation collective. Partout en Europe, cela craque… et les citoyen.ne.s se sentent peu ou pas reconnu.e.s, pas écouté.e.s… Mais les sardines ici, les indigné.e.s ailleurs, manifestent leur désir de “reprendre la main”… Alors mangeons les caramels et gardons précieusement la boîte, pour y mettre nos valeurs, nos ambitions, notre respect de l’autre, notre volonté de faire société, en permettant à chacun.e de prendre une place !!

David