Jean Louis Laville répond aux questions de la salle

Dans la présentation des Rencontres Européennes du Social, nous rappelions que l’avènement de politiques économiques libérales, ont pour conséquence une vague d’austérité forte limitant ainsi les services publics et favorisant parallèlement le recours au privé. Ces choix économiques fragilisent l’accès au travail et aux droits sociaux à travers une plus grande flexibilité (renforcement des temps partiels, etc.) et une précarisation plus forte (baisse des salaires, limitation de la protection sociale, etc.).

Dans ce contexte instable, de nombreux.euses citoyen.ne.s ont décidé de s’organiser pour faire entendre leur voix (en Espagne, Grèce, nuit debout et aujourd’hui les gilets jaunes), et “inviter” les pouvoirs publics, mais aussi les acteurs économiques à ne pas faire sans eux.elles. Ces collectifs plus ou moins organisés, affirment vouloir participer à l’émergence d’un nouveau modèle socio-économique et une nouvelle forme de démocratie plus directe et participative.

Dans les tables rondes où les ateliers de partage de pratiques, nous débattons, partageons des expériences qui nous confirment cette analyse et qui proposent même d’autres manière de faire société à partir d’une nouvelle façon d’envisager la démocratie représentative et participative, dans un contexte en tension où ici ou là les associations et les ONG ont du mal à pourvoir travailler et faire vivre des espaces du vivre ensemble (le témoignage de notre camarade de Hongrie en est un exemple vivant et inquiétant).

Pourtant, malgré cela, des expériences vivantes existent et confirment le besoin et l’envie d’habitant.e.s (comme à Toulouse dans le quartier du mirail ou dans le quartier vedel à Hambourg, ou encore des acteurs.rices du réseau wallon de lutte contre la pauvreté, etc.), de patient.e.s (à l’exemple d’Humapsy, ou des RVSM), de jeunes (à l’exemple des projets de Graine de paix en Algérie), de faire émerger d’autres formes de vie ensemble, où la question économique est traitée d’une manière différente que l’approche libérale (prenons l’exemple des monnaies citoyennes qui nous ont été présentées hier), etc.

La volonté de repositionner les citoyen.ne.s en responsabilité est réaffirmée et les messages qui sont envoyés dans les regroupements, les manifestations, etc nous le crient chaque jour… Comment pouvons-nous comprendre ces mouvements sociaux, c’est ce que nous allons tenter de grattouiller ce soir, grâce à Jean Louis Laville,

Enregistrement audio de la conférence.



Jean Louis Laville, est membre du LISE, professeur du CNAM, où il est titulaire de la Chaire « Economie Solidaire » et enseigne dans le cadre du Master Sciences du travail et de la société « Ressources humaines et sociologie », et chercheur à l’IFRIS, où il coordonne l’axe « Innovation sociale » du LabEx SITES (Laboratoire d’Excellence Sciences, innovation et techniques en société) consacré à l’innovation. Également coordinateur européen du Karl Polanyi Institute of Political Economy, il est membre fondateur et secrétaire général du réseau européen EMES qui organise des activités scientifiques internationales régulières sur l’innovation sociale, et du réseau sud-américain RILESS (Réseau de Chercheurs Latino-américains sur l’Économie Sociale et Solidaire)