Dans
la présentation des Rencontres Européennes du Social, nous
rappelions que l’avènement de politiques économiques libérales,
ont pour conséquence une vague d’austérité forte limitant ainsi
les services publics et favorisant parallèlement le recours au
privé. Ces choix économiques fragilisent l’accès au travail et
aux droits sociaux à travers une plus grande flexibilité
(renforcement des temps partiels, etc.) et une précarisation plus
forte (baisse des salaires, limitation de la protection sociale,
etc.).
Dans ce contexte instable, de nombreux.euses
citoyen.ne.s ont décidé de s’organiser pour faire entendre leur
voix (en Espagne, Grèce, nuit debout et aujourd’hui les gilets
jaunes), et « inviter » les pouvoirs publics, mais aussi les
acteurs économiques à ne pas faire sans eux.elles. Ces collectifs
plus ou moins organisés, affirment vouloir participer à l’émergence
d’un nouveau modèle socio-économique et une nouvelle forme de
démocratie plus directe et participative.
Dans les tables rondes où les ateliers de partage de pratiques, nous débattons, partageons des expériences qui nous confirment cette analyse et qui proposent même d’autres manière de faire société à partir d’une nouvelle façon d’envisager la démocratie représentative et participative, dans un contexte en tension où ici ou là les associations et les ONG ont du mal à pourvoir travailler et faire vivre des espaces du vivre ensemble (le témoignage de notre camarade de Hongrie en est un exemple vivant et inquiétant).
Pourtant, malgré cela, des expériences vivantes existent et confirment le besoin et l’envie d’habitant.e.s (comme à Toulouse dans le quartier du mirail ou dans le quartier vedel à Hambourg, ou encore des acteurs.rices du réseau wallon de lutte contre la pauvreté, etc.), de patient.e.s (à l’exemple d’Humapsy, ou des RVSM), de jeunes (à l’exemple des projets de Graine de paix en Algérie), de faire émerger d’autres formes de vie ensemble, où la question économique est traitée d’une manière différente que l’approche libérale (prenons l’exemple des monnaies citoyennes qui nous ont été présentées hier), etc.
La volonté de repositionner les citoyen.ne.s en responsabilité est réaffirmée et les messages qui sont envoyés dans les regroupements, les manifestations, etc nous le crient chaque jour… Comment pouvons-nous comprendre ces mouvements sociaux, c’est ce que nous allons tenter de grattouiller ce soir, grâce à Jean Louis Laville,
Jean
Louis Laville, est membre du LISE, professeur du CNAM, où il est
titulaire de la Chaire « Economie Solidaire » et enseigne
dans le cadre du Master Sciences du travail et de la société
« Ressources humaines et sociologie », et chercheur à
l’IFRIS, où il coordonne l’axe « Innovation sociale »
du LabEx SITES (Laboratoire d’Excellence Sciences, innovation et
techniques en société) consacré à l’innovation. Également
coordinateur européen du Karl Polanyi Institute of Political
Economy, il est membre fondateur et secrétaire général du réseau
européen EMES qui organise des activités scientifiques
internationales régulières sur l’innovation sociale, et du réseau
sud-américain RILESS (Réseau de Chercheurs Latino-américains sur
l’Économie Sociale et Solidaire)
Comments by davidrybo