Association Ke’llam

Ndjock Ngana est originaire du Cameroun (ici depuis 30 ans) et il est Président de l’Association Ke’llam (association culturelle africaine) ; Angela Platerotti  est italienne, vice présidente. Ils nous accueillent avec l’idée de partager l’histoire de cette association, et son développement.  

« Quand nous sommes arrivés en Italie, on s’est dit qu’il manquait quelque chose dans l’accueil ; c’est un groupe de personne qui a décidé de se mettre ensemble, pour faire revivre l’orgueil africain, dans une logique qui ne nous dénature pas.

En Afrique il y a des gens qui ont écrit, parlé, mais le monde n’a pas su lire ce qu’on avait écrit : un masque une statue africaine ça veut dire quelque chose. L’Afrique a vécu une histoire terrible, aucun autre continent n’a vécu ça, et aujourd’hui encore on est dans cet héritage. On veut transmettre des choses à nos petits frères. On a ici une bibliothèque dans toutes les langues, et aussi en italien, et nous même on a traduit des choses pour se faire connaitre. Et on écrit aussi pour « être » au nom de ce qu’on est : des livrets pédagogiques, des restitutions de manifestation ou d’action en valorisation, des contes, un livre documentaire « signes et symboles » … une exposition. Il y a donc un partage avec le livre, l’objet d’art, la vidéo, la musique… l’image. La danse par exemple, c’est une parole mimée. Ici on parle, on mange on regarde l’Afrique.

Il y a des discriminations en Italie, nous luttons contre ça. L’ignorance produit ça. On a travaillé beaucoup dans les écoles : il faut dire aux enfants comment on doit vivre sur la terre, car sinon ils ne savent pas. On parle à partir de la statue, on parle de l’initiation traditionnelle, comment on a évolué, ce qu’on a perdu… un travail interculturel scolaire. Et n’importe où, on peut le faire on le fait : avec des agents de la municipalité par exemple.

Lorsqu’on dit Rossi Paul ou Paul Rossi en italien, tout le monde comprend ; si je dis je m’appelle Ndjock Ngana, donc Ndjock  fils de Ngana. Lorsque je vais faire le document, les papiers, ce ne sera pas moi ; il faut donc que les italiens sachent. Il faut donc travailler en collaboration avec les italiens, savoir comment on vit ici. Nos frères quand ils arrivent il faut un travail d’orientation. Par exemple, comment on fait une association ici ? sinon c’est la jungle. »

Angela dit quelque chose… Nfjock reprend « ce sont les femmes qui font les hommes ! ». Archimède dit « Chez nous à Mayotte ce que les femmes veulent Dieu le veut ».

Ici en Italie il y a le premier accueil, et nous on peut nous caractériser par le deuxième accueil.  Comment on cherche du travail ? Comment se tenir et se comporter ? On oriente donc. C’est difficile pour les italiens donc pour les étrangers c’est encore plus difficile. Et le nouveau gouvernement rend encore plus difficile, ce qui l’était déjà. On propose donc des cours de médiateurs interculturels pour qu’ils puissent agir partout, dans tous les domaines.

Nous c’est qui ? « C’est notre groupe associatif. « Ke’llam » signifie un beau jour… il n’y aura plus besoin de faire ce qu’on fait. On tend vers ça et tous ceux qui veulent tendre vers ce « beau jour » sont les bienvenus… l’origine ne nous intéresse pas. C’est donc une petite association – une dizaine de personne, chacun apporte ses ressources, ses livres par exemple, pour vivre bien en société, pour aider la société à être meilleure. A une époque on brûlait les livres, ici tu peux amener un livre, un disque, un masque africain (qui peut faire peur)… pour transformer la société.

Anne-Claire Devoge