Paola Piva  est coordinatrice du Réseau Rete Scuole Migranti, programme des volontaires pour le centre d’accueil des services civiques. Après un temps de présentation des Ceméa France, du Bureau outre-mer et du Projet de Mobilité Erasmus+, nous entrons dans la présentation de la structure :

« Mon point de vue, c’est qu’en Italie on n’a pas trop réfléchi sur l’intégration au niveau politique, et sur les problèmes de l’arrivée des migrants ; pour autant, la première étape est la plus importante : réguler l’entrée, fermer les frontières, choisir ceux qui peuvent entrer au pas…. posent d’emblée la question de l’intégration, et notamment par la langue (il n’y avait pas jusqu’en 2012 l’obligation d’apprendre l’Italien pour les réfugiés de droits communs ou pour ceux concernés par un rapprochement familial). Le CSV est une sorte d’observatoire pour comprendre cela (12000 migrants accueillis par an dans une centaine d’associations du réseau « école migrants ».

Une de fonctions du réseau, est de mettre l’attention là-dessus, ceux qui n’étaient pas concernés par l’apprentissage de la langue et ceux qui arrivent. Le réseau a une bonne réputation et donnent des formations didactiques pour les enseignants bénévoles (principalement des enseignants, des étudiants qui ont le baccalauréat, et qui sont étudiants en langue).

L’autre objectif, c’est d’échanger et ouvrir l’école de langue « Italien langue étrangère », pour être un lieu social, et ouvrir ainsi à la vie du quartier, ce qui constitue un système d’opportunité pour l’exercice des droits ; la langue est ainsi un vecteur de citoyenneté. Par exemple, une des démarche s’est inspirée sur la “Promenade didactique” : Il s’agissait de faire des choses en dehors de l’école. Le président de la République italienne qui a ainsi ouvert le palais à la visite des élèves de scuela migranti. Nous avons donc fait des visistes, avec des guides italiens. Mais les élèves voyaient des choses très belles mais ne comprenaient pas. On a donc construit un itinéraire de découverte, notamment des salles du palais inspirantes pour comprendre l’histoire et la constitution, en travaillant en classe sur du vocabulaire, sur les représentations puis on a fait la promenade. Au retour, les personnes peuvent s’exprimer et partager leur expérience vécue. C’est devenu un modèle, une démarche pédagogique.

Récemment, le réseau organise une conférence nationale sur les migrants qui deviennent bénévoles, qui s’engagent pour faire vivre les activités. Nous souhaitons en effet soutenir ce processus.

Le constat est que les communautés ethniques sont fermées, à cause de la langue et de la culture : apprendre la langue et s’ouvrir doit marcher ensemble. C’est donc une opportunité pour l’estime de soi, et l’ouverture aux autres : s’engager ainsi dans la vie sociale, se faire des relations, s’engager auprès d’autres migrants d’une autre communauté ethnique est un parcours à valoriser. Les Ceméa Mezzogiorno sont un lieu de formation qui peut aider à faire vivre ces valeurs. »

Nous échangeons ensuite sur le contexte : les « jeunes » migrants et les plus anciens qui exercent une concurrence, voire qui ont des pratiques racisante. Les valeurs qui sont promues dans ce contexte : les relations femmes – hommes, le respect des familles, la liberté des cultes… le respect des droits de l’homme est le “plafond à atteindre”, sur lequel le CSV s’appuie, avec une idée d’universalité dans l’accès au droit.

Actuellement, les bénévoles interrogent leur rapport à la religion au nom de la laïcité, comme si ils étaient les senseurs dans le fait de ne pas faire une place à la religion de chacun, alors même que c’est quelque chose vécue comme soutenant les personnes dans leur projet de vie (c’est vital pour certains). Ce qui est interrogé ici, est-ce l’identité ? le sentiment d’appartenance ? le respect dans l’expression d’un sentiment de croyance ? un rapport au vivre ensemble et à la démocratie ?

Sur cet exemple chaque membre des Ceméa s’exprime au regard de ses propres expériences : en Martinique, en Guyane, en Polynésie les témoignages montrent que la question mérite d’être en effet travaillée. Pour un mouvement d’éducation, ça a du sens de permettre la libre expression et le respect de la liberté de conscience… en vue d’une émancipation.

Mobilité Erasmus + à Rome, Ceméa France 13 mars 2019