Valérie Carlini – responsable communication et relations extérieures

Le CIR a été créé il y a 29 ans que le conseil, c’est une association indépendante qui reçoit des financements de l’Etat, présente dans plusieurs régions de l’Italie. Son but est d’améliorer les services pour les demandes d’asile et des réfugiés en Italie, et faire évoluer les droits ; En Italie 120 000 personnes ont été ainsi été concernées par l’action du CIR, dont 5 000 victimes de tortures, qui venaient majoritairement de l’Afrique.

Actuellement l’Italie, est en train d’affronter unesituation très difficile, alors même qu’avant les années 1990 elle n’était pasune nation concernée par les migrations ; A l’inverse elle était plutôt unpays d’immigration (pas de colonies, excepté la Lybie). Ainsi, les premièreslois ont été proposées en 1990.

La réalité actuelle est que la migration et le nombre dedemandeurs d’asile, sont drastiquement réduits : nous avons eu y’a 3 ans 2016,80 000 pers arrivées par la mer, 120 000 en 2017, puis 33 000 personnes en2018. La perception par contre est inversée, instrumentalisée par lespolitiques, pendant la période électorale et capitalisée par les partispolitiques. Ce n’est donc pas un problème de gestion mais un problème politique.

Ce qui s’est passé après 2015, on a eu avec la crisesyrienne un afflux de migrants très important : 180 000 personnes enItalie 1M en Allemagne. L’Italie a pris des mesures pour contraindre les fluxmigratoires, notamment en fermant les frontières : accord de la Turquie etde l’Europe. De Grèce arrive 30 000 personnes actuellement. La même chose avecla Libye, par une autre route : drastique réduction des flux qui s’estfait ici sur le dos et les droits des personnes.

La perception des personnes c’est que ce gouvernement-là afermé les frontières, or ce n’est pas vrai, ça a été fait par le gouvernementprécédent.

L’Italie a été dans une politique d’isolation, avec parexemple les accords du Caire notamment avec le système des compensations del’Europe (négociation de l’Accord de Dublin). Notamment en vis à vis d’uneimmigration européenne de personne qui viennent d’Espagne, du Portugal, quitémoigne d’une responsabilité de l’Europe, « qu’on va payer aux prochainesélections européennes » : les partis d’extrême droite, et les souverainistes(Hongrie, Pologne) montent à nouveau.

L’Italie n’a pas compris quel était le périple de l’immigration,son histoire et sa narration, elle a juste été utilisée à des fins politiques.Aujourd’hui la situation semble être hors de contrôle alors même que lasituation numérique ne justifie pas les solutions qui ont été prises dans laréalité.

Donc la situation est très difficile et caractérisée aussiau niveau législatif : l’Italie a approuvé un décret restrictif des droitsdes demandeurs d’asile, des réfugiés et des migrants : les conséquences s’opèrenttous les jours sur la vie des personnes, leur protection, la mise sous abris.

Qu’est-ce qui s’est passé dans les grandes lignes ?

  • La destruction du système d’accueilitalien : on passait par les pays d’accueil, puis dans des centres detransit ou la situation d’accueil était facilitée par des stages de langues,des formations professionnelles, des actions sociales, de santé.

Aujourd’hui pour ces réfugiés, où ceux quirelèvent de la protection européenne, il n’y a plus de protection humanitaire, quiprimait hier. Les centres d’accueil sont des centres fermés, dans lesquels leniveau de service est très bas : il n’y a plus de facilité pour les coursde formation linguistique, la formation… et parfois sans service de basependant plusieurs mois (2 ans).

Ceci était pourtant inscrit dans laconstitution. L’accueil humanitaire concernait 25% des réfugiés. Ceci a uneconséquence directe sur le taux de personne en situation irrégulière.

  • La deuxième chose, le système fonctionnait entrel’Etat central et les municipalités, et elles décidaient d’ouvrir des serviceslocaux pour l’accueil ; maintenant dans ces grands centres, c’est l’Etatcentral qui décide où les mettre : ce qui pose une difficulté de gestiondes territoires et des flux.
  • Le dernier aspect ce sont des procédures auxfrontières alors que ça n’existait pas : celles-ci sont mises en œuvre aujourd’hui.

Les migrants en situationirrégulière peuvent être détenu jusqu’à 80j, même les demandeurs d’asiles, ilspeuvent être détenus jusque 210 jours. C’est fou.

Tous ces éléments étaient pour autant inscrit dans la constitution :pour devenir citoyen il faut être né ou hérité par le sang (droit du sang,droit du sol). Le procédures pour demander la nationalité se sont durcies etles délais avec !

Ce qui est préoccupant, c’est qu’avec ce système l’Italie créé2 catégories : les Italiens de souches, ceux qui sont nés ici ; et lesautres qui le sont devenus… sauf si il y a quelque chose de grave qui s’estpassé, puisque le gouvernement a introduit en décembre la déchéance denationalité. Ceci met en cause, l’Article 3, « tous les citoyens sontégaux aux yeux de la loi » et discrimine gravement les personnes avec unrisque d’être apatride, ce qui est contraire aux conventions du droitinternational.

Qu’est-ce qu’on peut faire ? Le CIR souhaite continuerson action et pour se faire s’interroge sur son indépendance, notammentfinancière. Hier, il était financé par l’Etat et l’UE ; aujourd’hui iltente de s’en détacher aussi face à la restriction des fonds. Il a doncsollicité la participation de la société civile pour l’accueil des réfugiés,dans les familles italiennes grâce à une campagne de communication tout publicimportante et qui a eu une réception très positive et importante ;ceci révèle que les citoyens ne partagent pas les politiques publiquességrégationnistes. Ainsi le CIR souhaite développer de l’accueil individualisé,une communauté d’entraide avec la société civile qui mobilise  un nombre important de personne. Les Ceméa autravers leur militants s’y impliquent.

Le CIR mène des activités nationale et internationale,notamment en Lybie, en Tunisie. Et ici en Italie, en Sicile, en Calabre et dansles Pouilles, à Rome et dans l’Est et fait partie de réseaux/plateformeeuropéens, noue des partenariats avec France terre d’asile et Réfugiés welcome.Il n’est pas dans la gestion de grands centres de réfugiés, mais réalise untravail sur les services et la reconnaissance du droit des personnes.

Rencontre Mobilité outre-mer – mars 2019 – Ceméa France

Propos de clôture de la rencontre CIR de Jean-Luc Cazaillon – Ceméa France