Agir dans le champ de la santé, de la psychiatrie et de l’intervention sociale, ne serait-ce pas avant tout porter un projet politique ? Les premières rencontres que le groupe a pu avoir nous le confirment de manière criante. Peut-on agir uniquement avec une casquette de technicien·ne ? (Même si cela n’a rien de péjoratif.) Nos ami·e·s belges qui agissent dans des collectifs, des associations d’éducation permanente, des regroupements en santé mentale, nous ont parlé sans cesse de politique, quand ils·elles nous ont présenté·e·s leurs actions. Parler de politique, c’est parler de sens de l’action, de principes qui la guide et de finalités : pourquoi on agit ?
Ici et là, chacun·e nous parle de protection, d’hospitalité, de justice sociale, de reconnaissance et d’émancipation, de psychiatrie démocratique en milieu de vie… Cela peut paraître des grands mots, des belles idées, mais c’est avant tout une éthique de l’action, une volonté de se battre au quotidien pour que chacun·e, qu’il soit en situation de précarité, en souffrance psychique, ou encore victime de violence, trouve une place et ne soit vu·e comme un « symptôme sur jambes », mais bien une femme ou un homme avec ses douleurs, ses failles, mais aussi des idées, des envies, des sensibilités, des compétences. La toile de fond des éducateur·rices, animateur·rices, artistes, que nous avons croisé·e·s, c’est bien ce projet de société, donc on est bel et bien dans le politique jusqu’au cou !
Il s’agit pour eux·elles de transformer ces convictions et ces intentions, en actes concrets, en projets dans la cité : ici des ateliers d’écriture avec des personnes en souffrances psychiques, là l’accueil de femmes victimes de violences conjugales, et par là encore, des ateliers d’émancipation par le travail (restaurant par exemple).
Pour y parvenir et porter cette idée, il s’agit pourtant de ne pas s’essouffler, en étant confronté·e seul·e, à des lourdeurs administratives, des limites budgétaires… Le collectif, le groupement, le réseau prend ici tout son sens. Un collectif pou porter un projet, se ressourcer, trouver les interstices qui permettent de tordre le cadre ! Ne pas rester dans la plainte et tenter des propositions politiques au service d’une psychiatrie démocratique… On est toujours plus forts et plus intelligibles à plusieurs, pour aller à la rencontre des pouvoirs publics (avec beaucoup de strates en Belgique!) Ces belles rencontres belges nous ont permis de reprendre le fil du combat qui nous anime tous et toutes dans le champ de l’éducation populaire (permanente en Belgique), de regonfler nos batteries, pour redire encore et encore que tout est avant tout politique !
David Ryboloviecz