La rencontre a lieu au siège de APCC dans un vaste local rénové situé dans le quartier pittoresque de l’Alfama de Lisbonne  

Présentation de nos interlocuteurs

Le Conseil national de l’éducation est un organisme indépendant du Ministère de l’éducation ; il a un rôle consultatif sur la mise en œuvre des politiques éducatives du pays. Il essaie de construire des consensus autour des questions éducatives. Il publie un état du système éducatif à partir de critères de l’Union Européenne, de l’ONU ou choisis par lui. Ses avis sont construits à partir d’analyses d’experts et d’acteurs de terrain. Il peut alerter sur des problématiques telles que le racisme et les discriminations, le passage entre enseignement obligatoire et éducation non formelle, l’inter métier, l’ouverture de l’école sur son environnement…

L’APCC (Association pour le Développement Culturel des Enfants) est une ONG créée en 1963 et reconnue d’utilité publique. Elle est membre du Conseil National de la Jeunesse et financée par l’Institut portugais des sports et de la jeunesse. Association d’éducation non formelle, elle met en œuvre des activités socioculturelles et éducatives dans le cadre du temps libre destinées aux enfants et aux jeunes : centres de vacances, formation des animateurs mais également tout évènement donnant accès à la culture pour les publics en situation de précarité. A titre d’exemple, elle publie chaque année des ouvrages de qualité mais à prix bas à destination des enfants.

L’association est partenaires des Francas : échanges sur les formations d’animateurs, accord sur les publications des francas, voyages d’échanges pour des enfants ou adolescents.

L’association a vécu récemment un moment important avec la construction d’un centre intégré dans l’environnement urbain (Centro Convento do Salvador) dont les activités viseront la population la moins favorisée économiquement et éloignée géographiquement. Ces activités relèveront de trois axes principaux : des projets artistiques multidisciplinaires, des projets de participation éducative en lien avec les établissements scolaires, intégration dans des projets sociaux.  Le défi est que les enfants s’y investissent mais surtout que les familles viennent et trouvent « normal  » de découvrir une exposition ou un spectacle.

La présentation du CAPE

Jean-Luc Cazaillon a présenté le CAPE dans ses différentes composantes, son positionnement dans les domaines de l’éducation formelle et informelle en insistant sur les valeurs qui soudent les associations partenaires : laïcité, solidarité, coopération, émancipation individuelle et collective, pratiques pédagogiques d’éducation active, contre la marchandisation de l’éducation, pour une formation des acteurs.trices de l’éducation qui renforce les complémentarités…

Projet et accessibilité culturelle

L’échange qui a suivi a permis la compréhension du processus de réalisation du projet de centre culturel intégré dans un quartier populaire. L’APCC a proposé le projet à la ville de Lisbonne qui a choisi un corps de bâtiment à rénover (Couvent du Salvador). Si la ville reste propriétaire des lieux, l’association en a la jouissance pendant 50 ans. Le centre a une habilitation pour la formation et est reconnu dans ce domaine.

D’ores et déjà, un premier projet d’action culturelle est en préparation qui touchera les écoles environnantes.  500 enfants vivront des ateliers animés par des artistes.

Mais comment faire pour toucher le public visé et en particulier les familles des classes populaires qui n’ont pas l’habitude ou ne se sentent pas légitimes pour fréquenter les lieux de culture comme les théâtres ou les musées ? Une expérience récente autour du livre et de la littérature a montré que seules les familles des classes sociales plus favorisées s’y sont investies. Faut-il des médiateurs pour faire des ponts ? Faut-il s’appuyer sur les associations locales pour faire du lien ? Peut-on s’enrichir des expériences des uns et des autres au-delà des frontières et de la spécificité des systèmes éducatifs respectifs ? En France, c’est à partir des années 80 qu’une réflexion s’est mise en place sur les savoir-faire pour amener les milieux populaires vers une émancipation culturelle. (Plan « art et école » à partir des années 2000, résidence d’auteur ou d’artiste, association des élèves sur des projets tout en associant les familles avec appui des associations d’éducation populaire). Une expérience d’un lycée bordelais est relatée où des lycéens se sont formés à l’animation, la création et la gestion de projet en s’appuyant sur un évènement culturel.

La question de l’accessibilité à la culture est une question centrale car cela n’a rien de naturel. Il existe des expériences différentes mais complémentaires : l’artiste travaille sur la création et le geste, le médiateur quant à lui donne accès aux clés pour comprendre les œuvres.

Jacqueline Bonnard