Dans le quartier de Carnide, sur la ligne jaune du métro, nous avons été accueillis par Teresa Martins, une élue de la mairie d’arrondissement, comme on pourrait le traduire chez nous, dans une école du 1er cycle (de 6 à 10 ans, de la 1ère à la 4ème année, ce qui correspond à notre cursus élémentaire du CP au CM1).
Cette école publique fait partie avec deux autres écoles d’un groupement d’établissements dans un secteur de lycée. Le groupement est composé d’un lycée (enseignement secondaire), d’un collège (2ème et 3ème cycles, ce qui correspond à CM2, 6ème – puis 5ème, 4ème et 3ème). Ecole et collège font partie de l’enseignement élémentaire. L’équivalent de notre école maternelle n’existe pas et il est remplacé par des « jardins d’enfance », à partir de 3 ans mais surtout développés à partir de 5 ans à proximité d’une école.
Le fait d’être dans un TEIP = territoire éducatif d’intervention prioritaire permet aux écoles de bénéficier de ressources humaines supplémentaires, non pas des enseignants mais des « techniciens » (psychologue, travailleur social…).
L’école est ouverte de 7h à 20h avec des personnels de la mairie, d’entreprises privées ou d’associations en dehors du temps scolaire qui, lui, va de 9h-9h30 à 15h-15h30. Les groupements d’écoles peuvent choisir les vacances scolaires en découpant l’année en 3 périodes ou en 2 semestres. Les congés peuvent donc varier en nombre de jours à Noël et à Pâques pour en avoir plus en novembre et à carnaval par exemple. Les vacances d’été vont du 15 juin au 15 septembre. Ce choix des groupements à la fois des horaires et des vacances impose à la mairie de s’adapter fortement pour gérer les activités. Cela a été mis en place il y a 11 ans mais avec une réflexion actuelle de revenir en arrière.
Beaucoup d’écoles ont des « cantines » privées, livrées par des entreprises de taille importante, ce qui permet de réduire les coûts des repas payés par les familles.
Après l’école, l’après-midi, il y a des ATL = Ateliers Temps Libres, également payants pour les familles en fonction des revenus familiaux mais ne dépassant pas 25 € par mois maximum. L’école est par ailleurs dans l’obligation d’organiser d’autres types d’ateliers comme sports, anglais, arts jusqu’à 17h30. Les devoirs à la maison sont assurés dans le cadre des ATL.
La mairie d’arrondissement de Carnide a fait depuis de nombreuses années des choix politiques forts en direction de l’école, du soutien aux familles. Ça a été un arrondissement précurseur qui se revendique de l’éducation non formelle. Il mène de nombreux projets dans et hors l’école. La notion de participation est également très présente avec la mise en place de conseils d’enfants dès le 1er cycle de l’école, qui peut porter des projets d’amélioration du cadre de vie et gérer un budget participatif. Il y a aussi un conseil local d’éducation auquel participent pour les écoles publiques et privées du secteur, des représentants des élèves. Celui-ci se réunit très régulièrement (1 fois par mois).
Le centre de loisirs fonctionne dans l’école, dans un ancien logement de gardien réaménagé. Nous visitons les locaux qui ne sont pas grands mais peuvent être modulables si besoin (entre bibliothèque et tennis de table par exemple). Nous pouvons voir que sur l’emploi du temps du groupe, une assemblée des enfants en début de mois décide et prévoit les activités et les « animateurs » – qui ne portent pas ce nom-là au Portugal, les aident à réaliser leurs projets. Sur le panneau bleu, c’est une façon de tirer des bilans des actions et de voir ce qui pourrait être amélioré (cf photos ci-dessous).
Les animateurs du centre de loisirs sont bien intégrés dans l’école, même si les collaborations avec des enseignants âgés qui ont des pratiques plutôt classiques, ne sont pas toujours évidentes. Les choses avancent lentement.
Nous ne rencontrons pas d’enseignants – à cette heure-ci, ils sont rentrés chez eux – dommage ! Nous aurions pu échanger avec eux sur leur collaboration avec les autres professionnels, sur les continuités entre éducation formelle et éducation non formelle, entre jardin d’enfance et école, école et centre de loisirs, école et familles… Tant de questions importantes pour nos associations d’éducation nouvelle et d’éducation populaire. Comment les liens se tissent ? Comment les métiers coopèrent ? Comment les parents sont considérés dans une co-éducation respectueuse ? Quelle participation nous mettons en œuvre ? Pour quelle école ? Pour quelle société ?
Le croisement des regards portugais et français peut faire bouger les lignes et changer des pratiques.
Isabelle Lardon
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