Imaginez un quartier un peu éloigné du centre-ville de Lisbonne. Remarquez ou visualisez les avions qui passent toutes les 3 minutes au-dessus des immeubles de ce quartier, situé dans le couloir des avions de ligne qui quittent ou arrivent à Lisbonne.

Des avions ….. qui volent bas !!!


Imaginez un local au rez-de-chaussée d’un immeuble.
Un local de la taille d’un 2 pièces.
Entrez-y et découvrez un monde que jusque-là vous n’aviez pas imaginé.
C’est qu’à l’intérieur il y a de la vie, beaucoup de vie.
Et la porte s’ouvre et se referme en permanence.
Y entrent et en sortent des enfants, des ados, des parents, des adultes…
Les enfants et les ados semblent se sentir très à l’aise dans ce local.  
Les plus grands jouent sur leur smartphone, d’autres discutent entre eux, les plus petits jouent ou lisent. Certains sortent pour jouer au foot devant le local.
Il y a là, bien une petite vingtaine d’enfants et d’ados.


Et nous voilà, nous, 6 visiteurs, tous membres d’une des associations du CAPE avec Amandine, notre traductrice.
On nous propose de faire le tour du local, mais nous optons pour les explications concernant le fonctionnement de ce projet ESCOLHAS.
Nous avons bien-sûr déjà eu les explications théoriques concernant ce type de projet, mais de le voir fonctionner en direct, c’est totalement autre chose.
Nous nous mettons en arc de cercle face aux deux animatrices présentes. Du moins pensions-nous être en présence d’animatrices, mais en fait elles sont toutes deux psychologues titulaires d’un Master 2 de psychologie.
Le dynamiseur du groupe installe le vidéo-projecteur et c’est là que les plus petits sont intrigués.
L’une des psychologues nous explique le fonctionnement de la structure, les tenants et les aboutissants, les activités proposées, Amandine traduit.  
Derrière elles, les enfants explorent, à leur manière, les possibilités offertes par ce nouvel outil : ombres chinoises, poser des étoiles en carton sur les images projetées, regarder le vidéo-projecteur « droit dans les yeux », se disputer la meilleure place…La petite Francisca, quant à elle, a besoin d’affection et s’installe sur les genoux de Sophie. Puis, elle choisit de se rouler sous la table, une autre petite, déguisée en licorne choisit, quant à elle, de se mettre debout sur la table devant le tableau blanc où est projeté le diaporama. Les adultes essaient de la convaincre de descendre, des enfants essaient de la convaincre : rien à faire, elle reste. Du coup, trois autres enfants s’installent, eux aussi, sur la table…
Notre intervenante continue sa présentation, calmement, Amandine traduit, calmement. Toutes deux ont tantôt un enfant dans les bras, un dans les jambes, un autre qui les enlace…

Du moins pensions-nous être en présence d’animatrices, mais en fait elles sont toutes deux psychologues titulaires d’un Master 2 de psychologie.


Derrière nous, arrivent d’autres ados, des plus grands, l’un d’entre eux joue avec un briquet, d’autres s’installent sur des chaises encore libres. L’un d’entre eux fait une remarque, le dynamiseur lui propose de s’associer à la présentation des activités. Il le fait, tout en restant un œil vissé sur son smartphone.
La présentation finie, le dynamiseur éteint le vidéo-projecteur et intervient à son tour pour nous expliquer son parcours, son rôle. Les enfants, quant à eux, migrent vers le fond de la salle ou sortent, puis rentrent à nouveau.
Comprendre ce projet, me demande de faire un pas de côté. C’est qu’ayant enseigné durant 20 ans en tant que professeure des écoles, voir les enfants entrer et sortir du local, sachant qu’il donne sur une rue, voir des ados entrer avec un briquet allumé m’inquiète, concernant la question de responsabilité. Mais j’apprends qu’en fait, les enfants restent sous la responsabilité des parents, qui ont signé pour autoriser les enfants, même petits, à sortir.  
Une fois ce pas de côté effectué, je vois que les enfants, les ados présents, viennent dans ce local parce qu’ils s’y sentent bien. Et je peux mesurer le chemin parcouru par ce beau projet !
Donner une place à ces enfants, ces ados, issus de milieux où l’école n’a pas forcément bonne presse,  les inviter à réfléchir, à débattre, à connaître leurs droits, leurs devoirs, les accompagner dans des sorties, les initier aux possibilités du numérique, les accompagner dans leur parcours d’élèves…C’est certainement augmenter leurs chances de réussite, pour une vie souhaitée meilleure.

Patricia Bleydorn