Pour certains, ce seraient les vacances ; quitter son lieu de travail, aller à l’étranger, visiter une ville, goûter à ses spécialités culinaires. Évidemment, cela y ressemble, même si souvent la plupart d’entre nous emportent son ordinateur portable ainsi que son mobile branché.
Pour certains, il a fallu se faire violence pour partir ; « j’avais trop de travail, j’avais des choses plus importantes à faire, je ne peux laisser les collègues assurer sans moi. Autant d’excuses à ne pas partir ou à culpabiliser… »
Pourtant c’est bien de « la vacance » dont il est question ; se mettre en disponibilité pour être disponible, disponible aux autres, à la rencontre, être plus à l’écoute. Mais pas de vacuité dans cette vacance, certains ayant bien sûr apporté leur(s) portable(s) pour être en lien, en direct avec leur travail. Le temps dit « libre », le temps personnel, le soir ou tôt le matin, étant souvent consacré à une liaison directe avec ses collègues ou son équipe.
La mobilité, c’est donc être ailleurs, loin de son chez soi personnel et professionnel, avec d’autres qu’on regarde autrement puisqu’on partage avec eux ce quotidien, une certaine intimité ; il faut donc vivre en internât même si l’hôtel est confortable, partager des repas, parfois même une chambre, attendre l’autre, les autres et être en groupe souvent. C’est parfois découvrir l’autre au quotidien, souvent celui ou celle qu’on côtoie par ailleurs tous les jours et qu’on croyait connaître.
Alors oui, bien sûr, on a de la chance de partir en mobilité, de partir sur un projet de rencontre, de découverte, d’échange.
Et puis au retour, on est celui ou celle qui est parti ; celui ou celle qui a vécu d’autres choses ; celui ou celle qui raconte, qu’on interroge, qui parfois même rapporte des cadeaux ou des souvenirs comme pour se faire pardonner ou simplement pour combler l’absence. Comme ces marins, qui de tout temps quittaient le port ou l’île, pour mieux revenir la peau tannée, des soleils plein les yeux et des tatouages sur le corps.
C’est donc là qu’on est un autre, celui ou celle qui a vu, connu et voyagé.
Alors oui partir en mobilité, c’est connaître et reconnaître l’autre, l’ailleurs, l’étrange ; mais partir en mobilité, c’est sûrement mieux se connaître aussi !
Jean-Luc Pieuchot
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