Prossima fermata : REGGIO EMILIA !

A la descente du train, c’est d’abord la découverte d’un Skate Park habillé de tags colorés et créatifs : « Ancienne zone désaffectée repensée en espaces partagés » nous disent nos deux hôtes du jourGiulia (ARCI) et Laetezia (CEPAM).

Puis, plantés là, hors du temps, apparaissent d’anciennes manufactures, 20 géantes, 2 réhabilitées. Projets coûteux, ambitieux mais le résultat est saisissant. Effet ouah ouh unanime !

Sous le beau soleil de primavera, notre groupe enjoué franchit maintenant le seuil de CEPAM, une école de musique qui fait revivre et danser les souvenirs de cet ancien pavillon de chasse dans lequel elle a pris ses quartiers.

Au 1er étage, nos regards se tournent vers la perspective de l’histoire, vers ces bâtiments des temps de guerre presque à perte de vue.

Puis direction la salle de musique où piano, violon et guitare nous attendent avec Emanuele et Tiziano, professeurs musiciens. Une carte projetée nous montre où se situent géographiquement les CEPAM (les écoles de musique) et où sont les CORSI (les ateliers de pratiques artistiques –apprentissages des langues, photo, dessin…).

Emanuele nous explique que le matin, contrairement aux après-midi, les ateliers ont lieu dans le cadre du cursus scolaire et qu’il réalise avec ses élèves des sons synthétisés des bruits du dehors. « Tous les sons peuvent devenir musique, la nature est musique ».

Tiziano, quant à lui, travaille avec les personnes en situation de handicap, « tout type de handicap ».

L’idée est de créer une musique ensemble à partir de ce que chacun fait « l’un aide l’autre », cette notion d’aide réciproque, mutuelle est très importante.

Ce laboratoire artistique, qui existe depuis 20 ans, permet aussi aux personnes âgées de revenir dans la mémoire de leurs souvenirs à travers les chansons, la musique…

La musique comme vecteur d’inclusion, la musique qui permet d’oublier et qui permet d’exhumer, de revivre et surtout d’être heureux.

Alors, dans la continuité de la douceur de ce moment plein de sens et de valeurs partagées, les deux artistes nous interprètent (après quelques échanges en multilangues) à la guitare, violon et voix « Les feuilles mortes » de Jacques Prévert…

« Nous vivons tous les deux ensembles

Toi qui m’aimais moi qui t’aimais

Et la vie sépare ceux qui s’aiment

Tout doucement, sans faire de bruit.

Et la mer efface sur le sable, les pas des amants désunis. »

Un moment suspendu, plein d’émotions.

En sortant de la salle en rangée organisée et feutrée, nous remarquons alors que nous marchons sur un carrelage du 18e siècle ! 

Mais ici le temps est comme arrêté et pourtant tout est innovant, bien pensé, avec soin et bienveillance. Ici on se dit que la pédagogie active n’est pas une utopie.

Et on a envie de rester… mais surtout, de revenir.

Emilie Bourbon