L’organisation de l’école

Nous sommes accueilli.e.s par la directrice adjointe, Ileana. Pour devenir directeur, il faut avoir enseigné pendant 5 ans, passer un concours et, une fois nommé, il n’enseigne plus. Un directeur a la responsabilité d’un ensemble d’écoles.

Par exemple, la directrice de cette école est directrice de 5 écoles, 2 maternelles, 2 élémentaires et une école secondaire. Ses responsabilités comprennent sécurité, pédagogie, gestion, comptabilite… Cela permet une continuité didactique de la maternelle au collège. Il y a dix ensembles d’écoles sur la ville.

La directrice a donc une adjointe qui est débordée de boulot ! C’est elle qui gère les projets de l’école et anime l’équipe pédagogique, en plus de ces 24 heures en classe.

L’école Citadella pace

Cette école, avec son caractère multi-ethnique n’est pas bien vue. Le ministre est intervenu à la télévision nationale récemment, pour dire qu’il voulait vérifier qui s’inscrit dans l’école pour qu’il n’y ait pas trop d’étrangers. Le risque, c’est que les italiens ne viennent pas dans cette école et qu’elle devienne un ghetto.

L’école développe de nombreux projets intéressants pour attirer les parents. Ceux-ci ont pu rentrer dans l’école et voir que tout se passait bien. Des enfants des écoles Montessori ou autres écoles privées sont venus s’inscrire ici.

D’autres écoles sélectionnent les enfants, elles s’arrêtent d’inscrire des enfants étrangers pour contrôler leur nombre. Alors les enfants viennent ici. La directrice, cependant, rappelle aux familles leurs droits de fréquenter l’école de leur quartier, ce qui est plus facile pour s’intégrer.

Avant, il y avait 3 enfants étrangers par classe, maintenant ils représentent la moitié de la classe, depuis que l’école développe une politique de projet.

Les projets de l’école

  • Projet sur la lecture entre toutes les écoles de Modène. Leur projet était le plus réussi (!) car ils ont fait des lectures dans toutes les langues. Des mamans ont lu des textes : en espagnol, arabe, des Philippines, du Ghana, etc. Elles ont offert le thé à tout le monde. A Noël, ils chantent des chants chrétiens mais ça passe bien car toutes les familles savent qu’elles sont respectées, quelles que soient leurs religions et leurs origines.
  • Projet journal : les élèves écrivent un petit journal avec l’expertise d’un journaliste, qui leur apprend comment choisir un article, mettre en page.
  • Projet théâtre : l’école n’a pas beaucoup d’argent mais deux comédiens ont accepté d’intervenir, en ne touchant que la moitié de l’argent prévu.
  • Forum cinéma : il y a une fiche pour chaque film, les enseignants apprennent aux élèves à analyser le film, même la publicité pour développer leur esprit critique – éducation aux medias.

Echanges

  • Un enfant est arrivé d’une autre école avec des difficultés relationnelles. Comment s’est-il intégré ? L’enseignante l’a accueilli et la coopération dans la classe a fait qu’il ne se sent plus rejeté.
  • Pédagogie coopérative vs pédagogie collaborative

Dans la pédagogie collaborative, chacun est impliqué dans le projet au même niveau alors que dans la pédagogie coopérative, chacun agit selon ses moyens et l’élève qui a des difficultés aura des tâches plus simples à effectuer. Elle préfère parler de collaboration

  • Scolarisation des élèves handicapés

Si l’élève n’a pas de grosses difficultés scolaires, il est inclus dans une classe avec un enseignant de soutien, pour quelques heures en fonction des besoins. Il y a eu des coupes budgétaires…

Si l’élève a un handicap plus important, il est scolarisé dans la classe douce en petits groupes, avec un enseignant spécialisé.

  • Ecole publique ou privée

Catholiques ou pas, les écoles privées ne reçoivent pas d’aide de l’état – c’est dans la constitution -mais elles arrivent à démontrer qu’elles font la même chose et à recevoir des subventions.

Il y a des groupes de parents élus au conseil d’administration de l’ensemble d’écoles qui soutiennent l’école publique et peuvent faire pression sur les institutions.

  • Formation des enseignants

La formation initiale est nationale. La formation continue est assurée par les régions selon leurs moyens et leurs orientations mais suivant des standards nationaux.

Nous aurions pu approfondir certains sujets, pour mieux connaitre le système éducatif, la formation des enseignants, l’organisation de la scolarisation des élèves handicapés…

Néanmoins, cette séance a été fort riche et les enseignantes rencontrées ont des pratiques portées par des valeurs d’humanité proches de celles défendues par le GFEN. Elles luttent contre les fatalismes sociaux, sociétaux, familiaux et leur école est la città della speranza !

Isabelle Lardon