Cette association a été créée en 1982 ainsi que la grande bibliothèque sur le secteur « handicap » (3ème secteur) et travaille sur les questions liées au handicap en diffusant la culture d’inclusion.

Luca (éducateur), Tatiana, Sarah et Camilo nous accueillent. Ce lieu est très différent d’autres structures car il accueille toute personne en situation de handicap, quel que soit le besoin spécifique.

Tout est parti dans les années 80 de la réflexion né d’une demande d’une personne : Claudio Imprudente – personne tétraplégique – souhaitant savoir ce qu’il pouvait faire avec son handicap pour aider la société. « Que puis-je faire pour la société malgré mon handicap ? ». La question était révolutionnaire parce que jusque-là, toute personne handicapée n’était pas considérée comme les autres. L’objectif était donc de faire comprendre que ces personnes étaient des personnes comme les autres. Luca relève qu’aujourd’hui dans ce centre, plusieurs personnes handicapées sont animateurs ou animatrices et animent des formations (projet Calamaio). Tatiana, polyhandicapée, dit : « nous sommes un groupe d’animateurs qui allons dans les écoles pour faire connaître la différence en utilisant différents médias : des livres silencieux, raconte d’histoires pour les plus jeunes ou des jeux de rôle pour les plus grands. (Une vidéo « un jour à l’école » montre les activités possibles). L’objectif est de faire comprendre à tous que même si on est différents, on peut réussir sa vie comme d’autres : faire des études, se marier… Avant d’animer des ateliers dans les écoles, les filles et les garçons qui arrivent ici doivent se former pour connaître leurs forces et leurs limites. Ils animent ensuite beaucoup d’ateliers pour l’accès à la culture et l’espace.

Pour favoriser l’accessibilité, ils travaillent sur la traduction de textes en symboles : la communication augmentée et alternative. Il s’agit d’un langage symbolique pour les personnes handicapées. Cette méthode permet l’accès à la littérature pour ceux qui ne savent pas (encore) lire. C’est accessible à tout le monde et ce qui sert aux personnes en situation de handicap est utile à d’autres. A l’image de l’ascenseur qui permet aux handicapés de monter les étages, on peut dire que ce service est aussi utile, aux gens fatiguées, aux personnes âgées …c’est plus facile pour tout le monde.

Camilo, polyhandicapé, peut seulement bouger la main gauche : mais alors comment fait-il pour écrire des livres ?  Un capteur est  placé sur sa tête et grâce au mouvement de son pouce gauche, il fait bouger la souris ; il écrit un mot et le pictogramme apparaît. Il est d’une grande créativité et ses illustrations sont originales. Les nouvelles technologies permettent une certaine autonomie. On ne se centre plus sur les types de handicap mais sur la personne. Par exemple ce matin ces jeunes ont réalisé pour nous un jeu de « mots et symboles » que nous testons bien volontiers histoire de perfectionner notre pratique de l’italien et notre sens de l’observation !

Ils animent ainsi des formations pour les éducateurs ou enseignants spécialisés : c’est difficile mais ça permet l’inclusion. Ce type de « catalogue mots/symboles » imagé par un soleil existe en version étrangère (anglais, allemand, français). Ce choix du soleil permet d’expliquer qu’un concept peut être universel. Le principe est de rendre accessible la culture à tout le monde.

Combien de personnes travaillent ici ? une trentaine dont 22 handicapées. Toutes ne sont pas salariées car il y a des coupes budgétaires. Elles sont parfois payées sur projets (ex : livres) mais en Italie, on a du mal à faire comprendre que l’activité culturelle puisse être rétribuée. D’autres actions permettent d’avoir quelques subsides comme la réponse aux appels d’offre. Cela fait 40 ans que ce travail a commencé et à défaut d’être reconnus pour ce travail visant à la reconnaissance des capacités de chacun et de sa place au sein de la société, ils sont surtout connus pour les livres accessibles.

Et Camilo chante à capela… un grand moment d’émotion !

Jacqueline Bonnard