J’étais déjà venue à Lisbonne, mais je n’avais pas vu Lisbonne. Enfin, si, j’avais vu les monuments incontournables et les quartiers immanquables. Comme partout, c’était une partie de la ville mais pas la totalité.
Revenue dans le cadre de cette mobilité européenne, j’ai eu accès à une tout autre ville.
Nous sommes allés dans plusieurs quartiers d’intervention prioritaire, à un jet de métro du centre-ville et pourtant périphériques, remplis d’œuvres de street art souvent conçues avec les habitants du quartier, parfois support de la mémoire du quartier.
On peut même trouver des fresques inventant une nouvelle manière de jouer au football. Témoins ces cages peintes jumelles, côte à côte face aux fenêtres d’un immeuble, qui permettent aux enfants de jouer au foot sans lancer le ballon dans les fenêtres des voisins, qui protestaient et crevaient les balles en guise de représailles. Un foot semi circulaire, en somme.
Nous avons vu les jardins ouvriers et l’herbe bien verte qui ont en partie remplacé ce qui fut, jusqu’en 2001, Curraleira, le plus grand bidonville du pays, l’un des plus grands d’Europe.
Après le relogement, il reste une certaine nostalgie chez les anciens habitants du bidonville, qui n’ont pas été associés à la conception des nouveaux quartiers, et regrettent leur marché communautaire, leurs activités informelles…
Nous avons rencontré des enfants et des jeunes, Gitans ou originaires des anciennes colonies portugaises (Cap-Vert, Mozambique, Angola…), qui vivent sous le couloir aérien de l’aéroport de Lisbonne, au rythme du passage des avions toutes les trois minutes.
L’aéroport devrait être déplacé, éloigné de la ville, ça n’arrangera sans doute pas les touristes, mais les habitants, si !
Nous sommes allés déjeuner au Club des officiers de marine, situé au beau milieu du quartier touristique de l’Alfama, mais dans lequel on ne rentre que si on est amené ou recommandé par quelqu’un qui y est connu.
Un appartement à la décoration « à l’ancienne », où l’on mange des plats traditionnels qu’on ne trouve pas forcément sur les cartes des restaurants. Une pause étonnante !
Avec tout ça, nous avons fait des ponts entre les réalités portugaises et françaises, proches bien que différentes. Beaucoup de choses résonnent, des préoccupations communes, des difficultés partagées.
Dans le registre de l’éducation, dans les quartiers prioritaires que nous connaissons désormais un peu, comme dans les nôtres, le fort taux d’absentéisme et d’abandon scolaires est un problème. C’est l’un des premiers objectifs de l’action des associations que nous avons rencontrées, qui n’ouvrent par exemple les espaces dédiés aux enfants et aux jeunes qu’en dehors des horaires où ils sont censés être en classe.
Cécile Blanchard
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