DESCRIPTION DU PROJET EDUCATIF
I – CONTEXTE
La démarche des réseaux d’échanges réciproques de savoirs est née dans les années soixante-dix des expériences pédagogiques et de la réflexion de Claire Héber-Suffrin, alors institutrice à Orly. L’idée de départ en est très simple : chacun est riche de savoirs différents et chacun est porteur de désirs d’apprentissages différents. La démarche consiste donc à mettre en œuvre un dispositif qui permette à chacun d’être tour à tour offreur et demandeur, transmetteur et acquéreur.
Depuis près de quarante années d’expérience le mouvement des réseaux d’échanges réciproques de savoirs (MRERS) a prouvé que la démarche fonctionne aussi bien dans l’école, dans le quartier, dans la ville que dans la classe. Elle peut se mettre au service des disciplines scolaires : l’enfant qui a assimilé telle règle de grammaire ou tel théorème de géométrie peut offrir ce savoir à ceux qui le demandent et d’autre part le demandeur d’un savoir particulier doit pouvoir trouver un offreur qui puisse le satisfaire. Mais il faut bien constater, qu’aujourd’hui, bien davantage encore que par le passé, de nombreux savoirs sont appris à l’extérieur de l’école. L’organisation d’échanges réciproques de savoirs permet ainsi d’articuler les savoirs appris à l’extérieur avec les disciplines
scolaires.

De plus, les élèves qui échangent et expérimentent les deux rôles, apprennent à réfléchir sur les démarches d’apprentissage. Certains reconnaissent devenir plus autonomes, plus patients, plus bienveillants. Après être eux-
mêmes « passés de l’autre côté de la barrière », les jeunes appréhendent différemment les cours des enseignants. Ils
découvrent que « personne n’est nul » ce qui les libère pour s’intéresser à travailler et à progresser ; ils découvrent
aussi que c’est parce que l’autre est différent qu’il est intéressant.

II- INGENIERIE DE FORMATION RIGOUREUSE, SOUPLE et CONSTRUITE COOPERATIVEMENT

  • Elle est fondée sur des postulats : Chacun est porteur de savoirs et d’ignorances. Chacun est capable d’apprendre
    et d’apprendre à apprendre. Chacun est capable d’enseigner et d’apprendre à le faire.
  • Elle est fondée sur une proposition : Chacun peut contribuer à mettre ses savoirs en circulation dans son école, dans sa classe, dans son lycée ou son université ou son quartier. Chacun se constitue donc offreur et chercheur ou demandeur de savoirs.
  • Elle est fondée sur un choix éthique : Tous les savoirs sont de Droit pour tous, considérés comme intéressants,
    importants, pour ceux qui les proposent et pour ceux qui les recherchent et pour tout le réseau.
  • Elle est fondée sur une règle du jeu : le Réciprocité. Chacun est à la fois enseignant et apprenant, cette proposition instaure une parité sociale, validée par la reconnaissance instituante de l’altérité.
  • Elle est fondée sur une réciprocité formatrice : avoir l’intention d’instruire autrui, refaire le parcours de ses
    apprentissages, répondre aux questions d’autrui et avoir autant l’envie de continuer à apprendre. Chacun
    expérimente ainsi les deux statuts.
  • Elle est fondée sur une organisation en réseaux, souples, offrant de multiples chemins d’accès à une multitude de
    savoirs
  • Elle est fondée sur un système de médiation, de mise en relation entre les futurs partenaires de l’échange qui
    construisent ensemble les modalités de l’apprentissage.
    III- DIVERSES PISTES D’INTERETS POUR L’ECOLE
  • Pour mieux comprendre et réussir les apprentissages
    La méthodologie de la réciprocité a montré dans et par de nombreuses expériences depuis des dizaines d’années que l’école et ses acteurs s’enrichissent de compétences vitales pour aborder les éléments essentiels du socle commun de connaissances pour vivre, agir, apprendre et être.
    Les interactions entre élèves transforment leurs rapports aux apprentissages fondamentaux : lire, écrire,
    compter sont des outils pour avoir accès à tous les autres savoirs et comprendre, faire des liens, approfondir les
    savoirs émergents et innovants et aborder les savoirs complexes du monde contemporain.
    Les interactions coopératives développent leurs rapports au monde en mettant en œuvre des compétences
    méthodologiques : savoir trier, analyser, avoir un esprit critique à propos des médias, des réseaux sociaux…
  • Le cognitif
    On a compris à quel point cela développe le désir d’apprendre, le plaisir d’apprendre, la curiosité pour
    apprendre, le savoir se questionner, le savoir se débrouiller et un certain nombre de savoir-être et de savoir-faire cognitifs.
  • Les compétences psycho-sociales
    La pédagogie de la réciprocité répond bien aux attentes des compétences attendues en éducation morale et civique. La confiance en soi, la reconnaissance réciproque, l’empathie, l’écoute de l’autre, de ses arguments mais aussi de ses sentiments, afin de reconnaître ses qualités mais aussi ses faiblesses dont il faudra tenir compte pour ne pas le mettre en échec, la bienveillance, la coopération, apprendre à chercher, tout ceci s’apprend en le vivant toutes ces compétences impliquent un apprentissage, un ajustement réciproque, une entraide et une évaluation.
  • La vie scolaire
    Cette pédagogie insiste sur la conscience des savoirs nécessaires pour Apprendre à vivre ensemble, Lutter contre la violence, Lutter contre le harcèlement
  • La notion d’interdisciplinarité et de projet.
    La pédagogie du projet, qui requiert de l’interdisciplinarité, est portée par la réciprocité.
  • Un projet collectif se construit dès lors que les enfants s’impliquent car il prend du sens. La question du
    sens répond à la fois à un besoin de signification, à un besoin d’orientation et une attention à une sensibilité.
  • L’interdisciplinarité s’apprend en la vivant : redisons-le, les enfants apprennent de ce qu’ils vivent.
  • Les valeurs
    Parce que la pédagogie de la réciprocité, c’est la rencontre avec l’autre dans le respect bien compris des
    règles, ces relations permettent d’exercer dons d’apprendre :
  • La coopération plutôt que la compétition ;
  • L’esprit critique plutôt que le conformisme ;
  • L’engagement plutôt que la consommation ;
  • L’effort, l’étude plutôt que le divertissement et la recherche du plaisir immédiat ;
  • La concentration plutôt que le zapping qui éloigne de la réalité sociale.

IV BIBLIOGRAPHIE SUCCINTE
HEBER-SUFFRIN, Claire. Échanger des savoirs à l’école, Chronique sociale 2004
HEBER-SUFFRIN, Claire. Des outils pour apprendre par la réciprocité, Chronique sociale 2016
KADRI, Fatima, DESGROPPES, Nicole, HEBER-SUFFRIN, Claire et Marc. Echanger les savoirs à l’école maternelle, Chronique sociale 2019
Pour en savoir plus : https://www.rers-asso.org/index.htm ou https://www.rers-asso.org/l-ecole.htm